L’électrothérapie est une méthode de traitement en vogue. Et pour cause ! Elle est très utile pour soulager certaines douleurs, renforcer les muscles et améliorer la circulation sanguine. Dans cet article, nous allons vous présenter les principes de cette thérapie ainsi que ses indications. Nous verrons comment l’utiliser efficacement, ainsi que les contre-indications de l’électrothérapie. Pour ceux désireux de l’essayer à domicile, nous vous expliquerons comment choisir son électrostimulateur. Prêt(e) à découvrir cet outil thérapeutique que tout le monde devrait avoir chez soi ?
Sommaire
Qu’est-ce que l’électrothérapie ?
Une méthode utilisée depuis plus de 2000 ans !
L’électrothérapie est une extraordinaire avancée dans le monde de la santé. Ancrée dans de nombreuses pratiques médicales et thérapeutiques, cette technique utilise un courant électrique dans le but de stimuler les muscles notamment.
Cependant, il n’a pas fallu attendre que Thomas Edison invente l’électricité pour utiliser l’électrothérapie ! En effet, on raconte que, dès l’antiquité, les égyptiens utilisaient les décharges électriques que produisent certains poissons pour soulager leurs douleurs. Les romains les ont imités par la suite, à l’image de l’empereur Tiberius.
Elle est aujourd’hui beaucoup utilisée par les kinésithérapeutes afin de traiter leur patient. Face à la demande, les électrostimulateurs sont en vente libre. on en trouve facilement dans les magasins de sport notamment.
Comment fonctionne l’électrothérapie
Le principe de l’électrothérapie est simple : par le biais d’électrodes placées à même la peau, des impulsions électriques stimulent les fibres nerveuses des muscles, ce qui déclenche une contraction. L’électrostimulateur reproduit, en quelques sortes, la stimulation envoyée par le cerveau, via les nerfs, aux muscles. Les réglages, la taille et le placement des électrodes différent selon l’action souhaitée. Mais rassurez-vous, nous allons revenir sur chaque domaine d’action et vous détailler tout cela !
Les indications de l’électrothérapie sont multiples :
- elle soulage les douleurs aiguës,
- les douleurs chroniques sont également traitées,
- les sportifs l’utilisent pour le renforcement musculaire,
- elle favorise la récupération après l’effort,
- enfin, elle est utilisée en rééducation après certaines pathologies.
C’est une méthode de traitement intéressante car elle n’a pas d’effets secondaires, très peu de contre-indications. Les électrostimulateurs sont très compacts et transportables facilement. A l’origine, seuls les physiothérapeutes utilisaient cette méthode. Les réglages étaient complexes. Mais les fabricants ont réussi à les rendre très simples d’utilisation pour que tout le monde puisse les utiliser très facilement chez soi.
Voyons maintenant pour chaque indication, les effets du courant électrique, et comment utiliser l’électrothérapie.
L’électrothérapie pour soulager les douleurs aigües
Principe de fonctionnement : le Gate Control
Lorsqu’un tissu est lésé, une information est envoyée au cerveau par voie nerveuse, ce qui génère la sensation douloureuse. Pour comprendre comment fonctionne ce type de courant sur la douleur, rappelez-vous ce qu’un enfant fait lorsqu’il se fait mal. Il se frotte ou il souffle sur sa peau. Cela induit une stimulation de fibres nerveuses différentes que celles empruntés par la douleur. Ainsi le cerveau, recevant plusieurs informations sensitives en même temps, atténue la sensation douloureuse ; c’est ce que les scientifiques Melzac et Wall ont appelé le Gate Control en 1965. On pourrait traduire cette théorie du Gate Control par « théorie du portillon ».
On peut définir le Gate control ainsi : c’est une théorie selon laquelle la transmission des signaux de douleur (informations nociceptives) est réduite en stimulant des fibres nerveuses de plus gros calibre et plus rapides que celles utilisées pour transmettre la douleur.
Le cerveau étant saturé d’informations sensitives, il ne les traitent pas complétement. Ainsi, le courant utilise le même principe, grâce à un courant de type TENS (transcutaneous electrical nerve stimulation), des fibres nerveuses vont envoyer un message électrique au cerveau. La douleur perçue par ailleurs va être ainsi diminuée.
Sur quelles douleurs aigües ?
Ce type de courant TENS est le plus utilisé quand il s’agit de traiter des douleurs aigües. Comprenez « aigüe » par douleur localisée, ponctuelle, qui n’est pas chronique. L’électrothérapie antalgique TENS peut être utilisée pour soulager les douleurs aigües de plusieurs pathologies, comme par exemple :
- entorse,
- névralgie cervico-brachiale,
- sciatique,
- cruralgie,
- après un choc ou un traumatisme,
- tendinite ou tendinopathie,
- localement sur les articulations touchées par l’arthrite ou l’arthrose…
Réglages de l’appareil et des électrodes
Les stimulation doivent avoir des fréquences situées entre 50 et 100 Hz, de durée d’impulsion très brèves et d’une intensité faible. Des programmes sont souvent déjà présents sur les appareils d’électrothérapie, vous n’aurez pas besoin de faire des réglages.
Placement des électrodes
Les électrodes doivent être de même surface et placées directement sur la zone douloureuse ou le trajet de la douleur. La taille des électrodes doit être adaptées à l’étendue de la zone douloureuse.
Par exemple, si vous avez mal au genou, utilisez deux électrodes plutôt grandes et rectangulaires car c’est une grosse articulation. Placez-les de part et d’autre du genou et augmentez le courant progressivement. Pour un poignet, on utilise des électrodes plus petites et plutôt carrées.
Voici par exemple comment placer les électrodes :
Intensité du courant
Le courant doit être suffisamment fort pour être bien ressenti sans être inconfortable.
Durée d’utilisation
Le temps d’utilisation de ce type de programme est de minimum 30 minutes. Mais rien ne vous empêche de l’utiliser plus longtemps. Il n’y a pas de contre-indications à l’utiliser plus longtemps. Tant que cela vous soulage !
L’électrothérapie pour soulager les douleurs chroniques
Le principe des courants endorphiniques
L’électrothérapie a rendu la vie de nombreux patients plus supportable. Cette modalité de traitement est beaucoup utilisée par les kinésithérapeutes pour soulager leurs patients qui souffrent de douleurs chroniques diffuses.
L’électrostimulateur va contracter les muscles paravertébraux en stimulant des zones plus profondes que le TENS par Gate Control. L’électrostimulation va provoquer la libération d’endorphines, hormones naturellement produites par notre organisme, qui ont une action antalgique puissante. Ce sont ces endorphines qui donnent la sensation de bien-être après le sport. L’action va être de courte durée mais le soulagement est réel. C’est pourquoi ce type de courant doit être utilisé quotidiennement.
Dans quels cas utiliser l’électrothérapie antalgique endorphinique ?
L’électrothérapie antalgique endorphinique peut être utilisée pour les pathologies avec des douleurs chroniques, souvent invalidantes, telles que :
- les maladies rhumatismales (polyarthrite rhumatoïde, arthrite, spondylarthrire),
- l’arthrose,
- la lombalgie chronique,
- les cervicalgies chroniques,
- la fibromyalgie …
Réglages de l’électrostimulateur et des électrodes
Il faut utiliser une stimulation à très basse fréquence (<10Hz), de durée d’impulsion plus longue et d’intensité plus élevé que pour le TENS classique. Rassurez-vous, tous les appareils d’électrothérapie ont un programme déjà configuré, prêt à l’emploi.
Placement des électrodes
Il faut utiliser des électrodes larges et de surfaces égales. Elles doivent être placées le long et de part et d’autre de la colonne vertébrale sur les muscle paravertébraux. Et ce, même si les douleurs chroniques ne se situent pas au niveau du dos. L’action des endorphines est généralisée à tout le corps. Cependant, si les douleurs se situent au niveau du dos, il semblerait que placer les électrodes proche de la zone douloureuse soit plus efficace.
Intensité du courant
Le courant doit être suffisamment fort pour être bien ressenti sans être inconfortable.
Durée d’utilisation
Allongez-vous sur le dos, de façon la plus détendue possible, pendant 30 à 40 minutes. Vous pouvez renouveler ce type de stimulation quotidiennement pour que l’effet soit optimal sur la durée.
L’électrostimulation pour renforcer les muscles
L’électrothérapie est devenue quasiment indispensable à la préparation musculaire des sportifs de haut niveau. Si bien que beaucoup d’amateurs s’y sont mis également. Elle contribue à améliorer les performances musculaires en termes de force et d’endurance. Selon le groupe musculaire traité, le gain peut-être très important. Par contre, il semblerait que cela n’a pas forcément d’impact sur le volume musculaire.
Mais attention, pour que la séance soit vraiment efficace, il ne faut pas utiliser l’électrostimulateur de manière passive.
Comment utiliser l’électrostimulation en renforcement musculaire ?
Les études montrent que le renforcement musculaire par électrothérapie est plus efficace quand une résistance est appliquée en plus du courant électrique. Cela s’explique par le fait que la force du muscle n’est pas uniquement liée aux propriétés intrinsèques de celui-ci. La force musculaire est également liée à l’efficacité du message nerveux envoyé par le cerveau. C’est tout l’ensemble de la commande du muscle qui doit être renforcée. Ainsi, si la contraction est passive du fait de l’électro-stimulation, les résultats seront peu probants. Les courants doivent aider et accompagner la contraction volontaire du muscle, pas la remplacer.
Autre paramètre important à prendre en compte, renforcer un muscle de manière isolé n’est pas ce qu’il y a de plus efficace. Dans le sport et dans la vie de tous les jours, les muscles fonctionnent en chaîne. Par exemple un tir au football ne fait pas intervenir que le quadriceps, mais aussi les fléchisseurs de hanche et de cheville. Ainsi, si vous renforcez uniquement votre quadriceps grâce à l’électrothérapie dans le but de tirer plus fort, vous serez déçu des résultats. Pour être efficace, répétez le geste du tir à chaque stimulation électrique.
À ce sujet, Stéphane Manson, kinésithérapeute et ostéopathe du sport à Charenton le Pont nous explique : « Il ne faut pas voir l’électrothérapie comme une séance passive, mais bien comme une séance de sport à part entière. Cela peut être perçu comme une méthode contraignante, alors que c’est l’inverse ; l’électro-stimulation permet d’obtenir un gain de force plus rapide si on l’utilise comme il faut. »
Pour résumé, si vous voulez un renforcement musculaire par l’électrothérapie efficace :
- contractez volontairement le muscle en même temps qu’il est stimulé,
- placez les électrodes sur plusieurs muscles qui interviennent dans le geste sportif à optimiser,
- faites le renforcement en mouvement ; votre geste sportif par exemple (coup de pied au football, simuler au saut au basket …),
- ajoutez une résistance, un poids souple, ou une haltère si vous pouvez à votre mouvement.
C’est ainsi que l’électrothérapie va accélérer le renforcement musculaire.
Exemples pour placer les électrodes :
Réglages de l’électrostimulateur et des électrodes pour un renforcement efficace
Voici les 4 conseils pour utiliser l’électrothérapie à des fins de renforcement musculaire :
- Les électrodes doivent être posées directement sur le corps du muscle à renforcer, pas sur le tendon. Pour savoir où est le corps musculaire, contractez le muscle à travailler et posez les électrodes sur la partie charnue.
- Choisissez des électrodes dont la taille et la forme se rapprochent le plus possible de la zone musculaire à contracter. Par exemple, pour renforcer un quadriceps grâce à l’électrothérapie, il faut utiliser des électrodes rectangulaires et longues.
- Certains électrostimulateurs bénéficient de plusieurs canaux, profitez-en pour placer les électrodes sur plusieurs muscles de la chaîne à travailler. Par exemple, si le but est de sauter plus haut, mettez des électrodes sur le mollet, le quadriceps et les ischio-jambiers. Simuler un saut à chaque stimulation.
- L’électrostimuation utilisée pour le renforcement musculaire étant forte, cela peut être très désagréable. Pour éviter cette sensation, choisissez des électrodes de surface importante, la stimulation sera plus confortable et le courant sera mieux réparti et plus efficace.
- Privilégiez des séances courtes, de l’ordre de 20 minutes mais avec une fréquence importante ; 3 fois par semaine minimum.
L’électrothérapie après l’effort, en récupération musculaire
Un autre atout incontestable de l’électrothérapie réside dans sa capacité à stimuler la circulation sanguine. En effet, en appliquant les impulsions électriques au niveau des muscles du membre inférieur, notamment les mollets, elle favorise la circulation veineuse. Cette amélioration de la circulation sanguine va accélérer les échanges moléculaires et ainsi la guérison des tissus musculaires endommagés après l’effort.
Beaucoup de sportifs utilisent l’électrothérapie pour la récupération après un effort intense car elle favorise également l’élimination des déchets métaboliques, tels que les toxines au niveau du muscle. En créant une meilleure alimentation en oxygène et en nutriments vers les muscles, l’électrothérapie participe à une récupération plus rapide et efficace. Elle limite les courbatures et les douleurs musculaires après les séances de sport difficiles.
Pour cet usage, il suffit de placer des électrodes larges au niveau des mollets, des muscles releveurs du pied ou des ischio-jambiers (à l’arrière de la cuisse). La contraction musculaire provoquée par stimulation électrique produit une augmentation de la vitesse du flux veineux. Restez allongé, de préférence les jambes relevées et laisser le programme agir le stimulateur musculaire environ 30 minutes.
L’électrothérapie en rééducation
Très utilisée dans les cabinets de kinésithérapie et les centres de rééducation, l’électrothérapie trouve son intérêt également après une longue immobilisation ou dans le cadre de certaines pathologies neurologiques.
Après une longue immobilisation, une fonte musculaire et une perte de force se produit systématiquement. L’électrothérapie dans ce cadre a une efficacité prouvée par plusieurs études scientifiques ; elle permet une meilleure récupération.
Dans certaines pathologies neurologiques qui affectent la commande musculaire, l’électrostimulation peut aider à récupérer des fonctions motrices. Surtout dans les premières semaines après l’apparition des symptômes, la stimulation musculaire peut aider le cerveau à s’adapter et faire fonctionner d’autres neurones. C’est le cas après un AVC ou une hémiplégie par exemple.
Elle peut aider à la repousse nerveuse également lorsqu’il y a eu une dénervation.
Les contre-indications de l’électrothérapie
Malheureusement, comme tout traitement, elle possède des contre-indications que la Haute Autorité de Santé (HAS) a identifiées.
Dispositif médical implanté
L’électrothérapie n’est pas recommandée pour les personnes ayant un matériel médical implanté, comme un pacemaker ou tout autre dispositif électrique. Il est à noter que la conductivité de l’électricité pourrait perturber le fonctionnement de ces appareils, avec des conséquences potentiellement graves.
Troubles de la sensibilité
Les personnes souffrant de troubles de la sensibilité, atteints de neuropathie ou de perte de sensation dans certaines parties du corps, pourraient ne pas ressentir les effets de l’électrothérapie. Cela peut se produire également chez certains patients atteints de névralgie telles que la sciatique par exemple. Si la sensibilité est perturbée à cause de la compression, il convient de décoincer le nerf sciatique auparavant.
Dans ces cas, le risque de brûlure est présent. Il est souhaitable de procéder avec prudence et de consulter un professionnel de santé avant d’essayer l’électrostimuation.
Présence d’une plaie
Les plaies ouvertes sont une contre-indication évidente à l’électrothérapie. Le passage du courant électrique par des lésions cutanées peut provoquer des complications de la plaie, voire même favoriser une infection. Les peaux facilement irritable constituent également une limitation à l’application d’électrostimulateur, due à leur sensibilité accrue. Certaines peaux peuvent être allergiques à la colle présente sur les électrodes.
À éviter : l’avant du cou et la zone cardiaque
Par précaution, même si la littérature scientifique n’apporte pas de preuves en ce qui concerne ces contre-indications, il faut s’abstenir de placer les électrodes au niveau de la région carotidienne ; c’est-à-dire l’avant du cou et dans la région du cœur au niveau thoracique.
Sur le ventre de la femme enceinte
L’électrostimuation peut être utilisée chez la femme enceinte. Cependant, il est proscrit de placer le dispositif sur le ventre. Les conséquences sur le fœtus pourrait être dramatique.
En cas de thrombose veineuse ou phlébite
En cas de présence de thrombose veineuse (phlébite), il faut éviter l’électrothérapie. Stimulant la circulation sanguine, le caillot pourrait se décrocher et provoquer une embolie. « Mais comment savoir si j’ai une phlébite ? » vous allez me dire ! Dans le doute, abstenez-vous, les conséquences peuvent être là aussi désastreuses.
Durant un électrocardiogramme ou électroencéphalogramme
En cas d’enregistrement de l’activité cardiaque ou du cerveau, il faut s’abstenir également de pratiquer l’électrostimuation. Cela pourrait fausser les résultats attendus.
En espérant que cet article vous aura donner envie d’essayer cette méthode de traitement aux multiples avantages. N’hésitez pas à vous renseigner auprès d’un professionnel de santé si besoin.