Infiltration du genou : pourquoi et quand la faire ?

Par Stéphane Manson, ostéopathe du sport à Charenton Le Pont (94)

Lorsque les douleurs ne sont plus soulagées par les traitements classiques (antalgiques, anti-inflammatoires, kinésithérapie), la question de l’infiltration du genou se pose. Ces infiltrations sont-elles efficaces, sont-elles nocives ou dangereuses pour l’articulation ? Que dit la science, les études scientifiques sur ce sujet ?

douleur au genou infiltration

Qu’est-ce qu’une infiltration ?

L’infiltration est une injection de corticoïdes. Il s’agit d’injecter un produit anti-inflammatoire puissant à base de cortisone dans la zone concernée (le produit Diprostène est souvent utilisé). Cela peut se pratiquer en cabinet médical, sous radiographie ou échographie lorsque la zone d’injection doit être très précise.

Elle peut se pratiquer sur plusieurs tissus du corps humain :

  • au niveau d’une articulation inflammatoire : le genou, la hanche, l’épaule …,
  • au niveau d’un tendon douloureux, en cas de tendinopathie ou de tendinite : tendinite de la coiffe des rotateurs de l’épaule, aponévrosite plantaire qui provoque la douleur sous le pied ou le talon de manière chronique,
  • ou au niveau d’un nerf, en cas de névralgie telle que la sciatique, la cruralgie ou encore la névralgie cervicobrachiale par exemple.

Ainsi, lorsque la douleur du genou est liée à l’inflammation, l’infiltration de cortisone, généralement associée à un produit antalgique, peut avoir un effet sur la douleur à plus ou moins long terme. Sachez cependant que l’infiltration du genou ne guérira pas la cause de la douleur.

L’infiltration du genou est rarement proposée en première intention car des effets secondaires de l’infiltration existent. Elle est souvent proposée en dernier recours, lorsque tous les traitements médicamenteux, de kinésithérapie ou d’ostéopathie ont échoué et que le genou gonflé est douloureux de manière chronique.

Une deuxième infiltration du genou peut être proposée 15 jours après la première, voire une troisième si les résultats ne sont pas satisfaisants.

 

Dans quels cas faire une infiltration du genou ?

 

infiltration du genou arthrose

Arthrose de genou

L’indication de l’infiltration du genou la plus fréquente est l’arthrose du genou ou gonarthrose, lorsque les douleurs qui en découlent sont fortes et chroniques. L’infiltration du genou peut être proposé lorsque l’arthrose se situe entre le tibia et le fémur ou entre la rotule et le fémur. Dans le cas de l’arthrose derrière la rotule, il s’agit du syndrome rotulien ; responsable d’une douleur au genou pendant la course à pied notamment.

 

Tendinite du genou

Plus rarement, elle peut être proposée en cas de tendinite du genou (ou tendinopathie) : tendinite de la patte d’oie, syndrome de l’essuie-glace au niveau du tubercule de Gerdy, tendinopathie du tendon rotulien notamment. L’injection se fera au plus proche du tendon concerné.

 

Douleurs anciennes articulaires

Ce traitement est proposé quand la douleur est ancienne, chronique et que les traitements moins invasifs ont échoué. Cependant, il est recommandé de faire l’infiltration lorsque la douleur est aiguë ou vive.

Il faut bien comprendre que l’infiltration ne soigne pas l’arthrose du genou, ne répare pas un tendon abîmé, mais peut soulager la douleur.

 

Comment se déroule une infiltration du genou ?

 

Si la douleur du genou est liée à un problème articulaire, le médecin va injecter la cortisone sur le côté du genou, à travers la capsule articulaire du genou et injecter le produit dans l’articulation.

Si la douleur est liée à un problème tendineux, l’infiltration du genou aura lieu au plus près du tendon problématique.

Il peut y avoir des douleurs dans les 24 à 48 h suivant l’infiltration, le temps que le produit se résorbe.

 

Les effets indésirables de l’infiltration du genou

Dr Alison Grimaldi, chercheuse à l’Université de Queensland en Australie, a fait le point sur les effets indésirables des infiltrations de corticostéroïdes en se basant sur plusieurs études scientifiques de haut niveau de preuve : « les corticostéroïdes se sont révélés chondrotoxiques (toxiques pour les cellules cartilagineuses) et des niveaux plus élevés d’exposition aux anesthésiques locaux ont également été associés à une chondrolyse (mort des cellules cartilagineuses) ».

D’autres études ont montré que des infiltrations répétées de cortisone sur des animaux seraient en lien avec des lésions du cartilage.

On sait aussi que la cortisone peut inhiber la cicatrisation osseuse. Ainsi, il faut toujours s’assurer, dans des syndromes douloureux complexes, qu’il n’y a pas de lésions osseuses sous-jacentes avant de pratiquer une infiltration du genou. Sinon, le risque de retard de cicatrisation est bien réel.

Pour résumer, plusieurs études indiquent que les infiltrations de cortisone, si elles diminuent l’inflammation d’un côté, peuvent abîmer l’articulation du genou, en provoquant des lésions au niveau du cartilage.

Cela ne veut pas dire que les infiltrations du genou sont à bannir. Mais il faut avoir conscience qu’elles ne doivent pas être proposées en première intention. Il faut en mesurer les bénéfices et risques éventuels.

Par exemple, un patient qui a un genou très usé, arthrosique et très douloureux, dont la seule perspective est la prothèse, peut accepter le risque de détérioration de son articulation par l’infiltration de cortisone.

A l’inverse l’infiltration du genou est discutable pour ceux dont l’articulation n’est pas abîmée par l’arthrose, dont la longévité de l’articulation est une priorité par rapport au soulagement de la douleur à court terme que procure l’injection de cortisone combinée à un antalgique.

Dr Grimaldi explique que « il est notamment discutable que de jeunes athlètes sans changement articulaire ou avec des changements articulaires précoces soient trop souvent orientés vers une infiltration, dans l’idée de réduire le délai de reprise du sport. »

Dans les cas de patients jeunes ou dont l’articulation n’est pas trop usée, il est préférable de stopper ou diminuer les contraintes articulaires, prendre des analgésiques oraux puis reprendre très progressivement les activités contraignantes. Pour cela, l’accompagnement d’un professionnel de santé (kinésithérapeute, ostéopathe) peut être utile pour doser la contrainte exercée sur le genou.

Sources :

  • Vandeweerd JM, Zhao Y, Nisolle JF, Zhang W, Zhihong L, Clegg P, Gustin P. Effect of corticosteroids on articular cartilage: have animal studies said everything? Fundam Clin Pharmacol. 2015 Oct;29(5):427-38. doi: 10.1111/fcp.12137. Epub 2015 Aug 19. PMID: 26211421.
  • Intra-articular Corticosteroid Injections in the Hip and Knee: Perhaps Not as Safe as We Thought?
    Andrew J. Kompel, Frank W. Roemer, Akira M. Murakami, Luis E. Diaz, Michel D. Crema, and Ali Guermazi

    Radiology 2019 293:3, 656-663

  • Les corticoïdes – La Rhumatologie pour tous (visité le 10/02/2021)
Stephane Manson osteopathe Charenton 94

Stéphane Manson
Ostéopathe du sport, Kinésithérapeute, Éducateur sportif,  DU Posturologie Clinique, Certifié par La Clinique du Coureur

« J’adore lire la littérature médicale, les études, les articles sur la médecine en général. Je publie chaque semaine des nouveaux articles sur le thème de la santé. Suivez-moi sur Facebook pour vous tenir informé(e) ! »