La névralgie cervico-brachiale (NCB), appelée communément la « sciatique du bras » provoque une douleur dans le cou qui peut irradier dans le bras, jusqu’aux doigts. Des solutions existent pour soulager cette douleur liée à un pincement d’un nerf au niveau du cou. Qu’est-ce qu’une sciatique du bras ? Comment la soulager ? Quels sont les mouvements pour soulager la névralgie cervico-brachiale ?
Sommaire
Définition de la névralgie cervico-brachiale
La névralgie cervico-brachiale est la manifestation d’une irritation ou d’une lésion des racines nerveuses qui innervent le membre supérieur : le plexus brachial. On la nomme parfois la « sciatique du bras » en référence à la névralgie similaire au niveau du membre inférieur. Comme la sciatique, elle fait partie de la famille des névralgies. Parmi elles, on peut aussi citer la cruralgie et la douleur nerveuse en avant de la cuisse, la névralgie d’Arnold et la douleur irradiante au niveau du crâne.
Anatomie du plexus brachial
Les nerfs ont pour rôle de transporter les informations du cerveau vers les bras, les mains et les doigts pour contracter les muscles notamment. Mais aussi, à l’inverse, ils véhiculent les informations sensitives envoyées par le membre supérieur au cerveau ; comme par exemple le toucher, le chaud ou le froid. Leurs racines sortent de la colonne vertébrale puis passent au niveau du cou en se faufilant entre les muscles, les os, les ligaments et articulations.
Cette sciatique du bras touche généralement un seul côté, du cou jusqu’aux doigts lorsque la névralgie cervico-brachiale est complète. Les lésions à l’origine de la névralgie cervico-brachiale peuvent être localisées au niveau du rachis cervical. C’est l’un des motifs les plus fréquents de consultation en rhumatologie, juste après la lombalgie et la sciatique. Elle peut se manifester à tous les âges, mais cette sciatique du bras est plus présente chez les adultes de plus de 50 ans.
Les causes de la douleur
Les causes de la névralgie cervico-brachiale sont multiples :
- arthrose cervicale,
- hernie discale,
- suite à un traumatisme cervical (fractures, luxations, coup du lapin),
- d’autres causes plus rares : spondylodiscite infectieuse, tumeur, syndrome de Pancoast Tobias, syndrome de Claude Bernard-Horner, envahissement de l’apex pulmonaire, méningoradiculite ou affection neurologique telle que la syringomyélie ou le neurinome.
L’imagerie telle que l’IRM, associée aux symptômes cliniques peut permettre de diagnostiquer cette pathologie et d’identifier la cause.
L’arthrose cervicale
L’arthrose cervicale se manifeste au niveau du rachis cervical. Celui-ci est formé par l’empilement de 7 vertèbres cervicales (C1 à C7). L’arthrose au niveau du cou est très fréquente car c’est une zone de forte mobilité associée à des fortes contraintes. Plus de la moitié des personnes de plus de 40 ans souffrent d’arthrose cervicale, et ce pourcentage augmente avec l’âge.
Dans certains cas, elle peut être associée à une compression des racines nerveuses et provoquer la « sciatique du bras » en obstruant le canal par lequel sortent les nerfs : le canal vertébral.
La hernie discale
Les vertèbres cervicales sont séparées entre elles par des disques intervertébraux. Une hernie discale survient lorsqu’une partie du disque est comprimée et déplacée. Le disque pincé forme alors une petite boule. Les hernies discales peuvent survenir à tous les niveaux de la colonne vertébrale (cervicales, dorsales et lombaires), bien qu’elles soient plus fréquentes au niveau lombaire ; ce qui peut faire en sorte que le nerf sciatique est pincé notamment.
Ainsi, la hernie discale peut avoir tendance à comprimer la moelle épinière ou les racines nerveuses se trouvant tout proche. Lorsqu’un nerf est pincé au niveau cervical, c’est la névralgie cervico-brachiale. Cela provoque la fameuse « sciatique du bras ».
Le syndrome de la traversée thoraco-brachiale
Il s’agit là d’une compression du plexus brachial, mais plus bas qu’au niveau cervical. Ainsi, on classe cette pathologie à part, mais le principe est le même. Les nerfs qui sortent de la colonne vertébrale de la 5ème vertèbre cervical à la première vertèbre thoracique forment le plexus brachial qui va innerver le membre supérieur. Ces racines nerveuses passent au travers de certains muscles du cou. Lorsque les tensions sont fortes au niveau des muscles scalènes antérieur et moyen, une compression nerveuse peut se produire et provoquer la « sciatique du bras ». C’est ce qu’on appelle le syndrome du défilé des scalènes. Les personnes avec des douleurs au cou fréquentes, un stress important, un travail sédentaire devant l’écran sont plus touchées par ce problème.
Après être passées par le cou, les racine nerveuses passent sous la clavicule. Après un traumatisme ou un problème postural, la clavicule peut avoir tendance à s’abaisser et à provoquer la névralgie cervico-brachiale. Puis, plus bas sur le trajet nerveux, en lien avec l’épaule, le muscle petit pectoral peut aussi pincer les racines nerveuses et provoquer la sciatique du bras.
Les symptômes de la « sciatique du bras »
Le principal symptôme de la névralgie cervico-brachiale est la douleur. Lorsqu’elle est complète, la douleur commence à la nuque et descend le long de l’épaule, du bras et de l’avant-bras. Cette douleur est parfois associée à des picotements, des fourmillements ou des troubles de la sensibilité, notamment dans les doigts. Dans les formes sévères, il peut exister une perte de force, une paralysie partielle voire complète de certains muscles du bras. Selon la racine nerveuse touchée, la localisation de ces symptômes peut varier un peu.
Dans la plupart des cas, la douleur est constante et s’aggrave en position couchée. La névralgie peut persister et les patients ont souvent l’impression d’un torticolis permanent. La douleur de la névralgie cervico-brachiale est parfois confondue avec :
- une pathologie de la coiffe des rotateurs ; cela provoque des douleurs d’épaule en lien avec une pathologie tendineuse,
- un syndrome de Parsonage et Turner ; une névralgie d’apparition brutale assez rare qui entraîne une perte de force,
- le syndrome de la traversée thoraco-brachiale évoqué précédemment,
- une tendinite du coude ; tennis elbow ou épicondylite latérale, voire épicondylite médiale,
- un syndrome du canal carpien qui provoque des douleurs et troubles sensitifs au niveau de la main.
Combien de temps dure la névralgie du cou et des bras ?
L’évolution de la névralgie cervico-brachiale est difficile à prévoir. La « sciatique du bras » dure généralement des semaines, voire des mois. La douleur persiste tant que la cause du problème n’a pas été résolue. Dans certaines formes, la douleur disparaît spontanément au bout de quelques semaines (arthrose modérée, petites hernies…). Parfois, la douleur persiste malgré les traitements et peut nécessiter une intervention chirurgicale.
Comment soulager une névralgie cervico-brachiale ?
L’important est de déterminer la cause de la névralgie cervico-brachiale ou de la « sciatique du bras ». C’est en agissant sur cette cause que le traitement sera le plus efficace.
Les mouvements pour soulager la « sciatique du bras »
Dans tous les cas, les personnes présentant une névralgie cervico-brachiale ont tendance à avoir une raideur du cou. Plus les douleurs sont anciennes et plus le cou est raide. Or il est montré que cette perte de mobilité peut être à l’origine de l’arthrose et des hernies discales cervicales. Retrouver la mobilité du cou est donc essentielle pour soulager la sciatique du bras. Cela doit s’accompagner d’un assouplissement du haut du dos, des épaules.
Ces mouvements doivent être réalisés sans douleur, de manière douce. S’ils aggravent les symptômes, il ne faut pas insister. N’hésitez pas à prendre conseil auprès d’un professionnel de santé si besoin.
Mobilisation du cou
- Rotation du cou
Exercice pour débloquer le cou
Utilisez le mouvement des épaules pour entraîner une rotation cervicale, d’un côté puis de l’autre. Cela permet de bouger le cou indirectement et de retrouver la mobilité en rotation cervicale.
- Inclinaison du cou
Inclinaison cervicale
Inclinez simplement d’un côté, puis de l’autre sans forcer.
- Flexion et extension du cou
Flexion et extension du cou
Ne cherchez pas à avoir des amplitudes complètes. Dès que la douleur se fait sentir, ne cherchez pas à aller plus loin. C’est la répétition qui va aider à relâcher le cou.
Étirement du trapèze supérieur
Étirement du trapèze supérieur
Une main dans le dos pour éviter que l’épaule suive le mouvement. Avec l’autre main, vous inclinez la tête et regardez le plafond en même temps. Le tout, sans forcer.
Étirement de l’élévateur de la scapula
Étirement de l’élévateur de la scapula
Toujours avec une main dans le dos. L’autre main amène cette fois le menton vers l’épaule. Ne forcez pas au point de déclencher des symptômes douloureux.
Assouplissement du haut du dos et des épaules
Assouplissement du haut du dos
Dans cette position, vous cherchez à reculer un peu les fesses en inspirant puis revenez en position initiale en soufflant. C’est un mouvement d’assouplissement du haut du dos très doux et efficace.
Techniques de mobilisation des nerfs
Ces techniques sont utilisées afin de retrouver les plans de glissement nécessaires au bon fonctionnement de la biomécanique. Ces mouvements sont à faire avec précaution. Dès que vous sentez une reproduction de vos symptômes de la « sciatique du bras » , vous n’allez pas plus loin et vous effectuez une dizaine de va-et-vient. Il ne faut pas chercher à augmenter la douleur.
Selon le nerf pincé, la localisation de la douleur est différente. Il faut choisir le mouvement à faire suivant vos douleurs.
- symptômes au niveau du cou et des 3 premiers doigts de la main (compression C6, nerf médian)
Mobilisation neurale C6
- symptômes sur l’arrière du bras et sur le dos des doigts centraux (C7, nerf radial)
Mobilisation neurale C7
- symptômes au niveau du petit doigt et de l’annulaire (C8, nerf ulnaire)
Mobilisation neurale C8
Autres mouvements pour soulager la douleur de cou
L’électrothérapie
L’électrothérapie antalgique de type TENS est une méthode efficace pour soulager la névralgie cervico-brachiale. Grâce à un courant électrique, la douleur nerveuse sera atténuée grâce au phénomène du Gate Control. À l’image de l’enfant qui frotte son genou lorsqu’il tombe dessus pour atténuer sa douleur, le courant va jouer le rôle du frottement. Le cerveau recevant plusieurs informations sensorielles, il ne va pas les traiter entièrement ; la sensation douloureuse sera ainsi moins forte.
La kinésithérapie
Les séances de kinésithérapie sont une aide importante dans la prise en charge de la névralgie cervico-brachiale.
Le kinésithérapeute procède d’abord à un bilan pour :
- comprendre l’emplacement exact de la douleur et le mécanisme par lequel elle se produit,
- évaluer l’influence du travail ou des activités physiques sur la pathologie,
- identifier les troubles posturaux (position de la tête et du cou),
- identifier les éventuels signes graves et orienter le patient vers un médecin si nécessaire.
Le traitement kinésithérapique associe différentes techniques, notamment :
- des massages
- des techniques de levée de tension musculaire,
- des mobilisations du cou,
- des exercices de renforcement des muscles du haut du dos et du cou, souvent affaiblis.
Ces techniques sont complétées par une éducation thérapeutique du patient pour maintenir les bénéfices de la rééducation.
L’ostéopathie
L’ostéopathe va rechercher les déséquilibres au niveau du cou ou à distance qui vont tendre à comprimer les racines nerveuses et provoquer cette « sciatique du bras ». En règle générale, l’ostéopathe interviendra sur le cou évidemment, mais aussi sur la mâchoire, le crâne, puis également sur la cage thoracique, l’abdomen, etc. Il est nécessaire de trouver l’organisation spécifique présent chez chaque patient. En travaillant sur un équilibre global, certaines détériorations peuvent être évitées et les douleurs de névralgie cervico-brachiale soulagées à long terme.
La chaleur
Le chaud va aider à détendre les muscles du cou, souvent en lien avec la compression nerveuse. N’hésitez pas à appliquer plusieurs fois par jour une compresse de chaud à raison d’une vingtaine de minutes à chaque fois.
Le collier cervical
Porter un collier cervical ou une minerve peut soulager mais à court terme seulement. Cela doit rester épisodique car le risque est de perdre la force musculaire indispensable à la posture du cou. Si on immobilise pendant trop longtemps, on empêche les muscle de fonctionner normalement. Il faut donc l’utiliser à bon escient, c’est-à-dire uniquement lorsque les douleurs sont insupportables ou si vous faites une activité contraignante pour le cou par exemple.
Les médicaments
Le traitement médicamenteux est à base d’antalgiques, de relaxants musculaires et d’anti-inflammatoires ; non stéroïdiens ou corticostéroïdes. Ceux-ci peuvent soulager la douleur pendant quelques jours. Mais les effets secondaires potentiels de ces traitements limitent leur utilisation à quelques semaines.
L’infiltration
L’infiltration au niveau du rachis cervical est rare et n’est pas réalisée dans tous les centres de radiologie. Il s’agit d’injection d’anti-inflammatoires à base de cortisone au plus près de l’inflammation et de la compression nerveuse. Comme une infiltration au niveau du genou par exemple, les effets néfastes existent et il faut souvent peser le pour et le contre. Un médecin spécialiste, tel que le rhumatologue, vous dira si une infiltration cervicale est appropriée.
La chirurgie
En cas d’échec du traitement médical, kinésithérapique, ostéopathique ou de symptômes sévères, votre spécialiste peut également vous proposer des solutions chirurgicales pour soulager la sciatique du bras. Plusieurs solutions existent. La plupart du temps, il s’agit de retirer la hernie discale responsable de la névralgie cervico-brachiale. Elle est souvent indispensable en cas de déficit moteur. Cependant, elle ne permet pas de réparer les lésions discales, qui sont irréversibles, ou de guérir l’arthrose.
Pour en savoir plus :
- Comprendre la cervicalgie – Ameli.fr
- J.-M Vital, B Lavignolle, V Pointillart, O Gille, M de Sèze,
Cervicalgie commune et névralgies cervicobrachiales,
EMC – Rhumatologie-Orthopédie,
Volume 1, Issue 3,
2004,
Pages 196-217,
ISSN 1762-4207,
https://doi.org/10.1016/j.emcrho.2004.03.002.
(https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S176242070400033X)
