Comment soigner la périostite tibiale ?

Par Stéphane Manson, ostéopathe du sport à Charenton Le Pont (94)

La périostite est une affection qui entraîne l’inflammation du périoste, le tissu fibreux qui recouvre l’os. Elle touche principalement les personnes qui pratiquent une activité physique intensive et constitue une affection invalidante au quotidien.
Quels sont les symptômes de cette pathologie ? Comment soigner la périostite ? Focus de Mr Manson, ostéopathe du sport, sur la périostite tibiale, la périostite la plus fréquente afin de faire la lumière sur cette pathologie.

 

Qu’est-ce que la périostite ?

Les os constituent l’armature interne du corps humain. Ils forment le squelette, structure anatomique autour de laquelle tissus et organes s’organisent. Le corps compte 206 os au total.
La structure osseuse est fait de plusieurs couches distinctes, dont :

  • l’os spongieux qui présentent de multiples cavités (à l’image d’une éponge), ce qui permet d’alléger l’os sans diminuer sa solidité,
  • l’os compact : partie dense, dure et lisse ; la partie solide de l’os,
  • le périoste, membrane fibreuse située au-dessus de l’os compact, qui permet l’insertion, l’attache, des tendons musculaires, ligaments, aponévroses et membranes inter-osseuses sur l’os,
  • le cartilage articulaire qui recouvre les extrémités de l’os et participe au bon fonctionnement articulaire en permettant le glissement des os entre eux,
  • la moelle osseuse rouge, présente dans certains os, dans laquelle sont produites les cellules sanguines,
  • la moelle osseuse jaune, tissu graisseux présent dans le corps des os longs.

composition os periostite

Les différentes couches osseuses

Ainsi, le périoste est une des couches osseuses ; il forme l’équivalent de l’enveloppe de l’os.

La périostite est une pathologie qui entraîne une inflammation du périoste. Elle est généralement provoquée par une sollicitation intensive des muscles, des attaches tendineuses qui a pour effet de créer des lésions dans le périoste. Cette tension musculaire tracte sur les membranes qui « compartimentent » le corps et qui s’insèrent sur le périoste ; les membranes inter-osseuses.

Chez les personnes sportives, coureurs, ou adeptes de sports intensifs sollicitant les jambes, elle touche principalement le tibia. On parle de périostite tibiale.

Les principales causes de périostite tibiale

Les causes d’apparition d’une périostite tibiale ou tout autre périostite varient selon la forme de la maladie.

De manière assez rare, en cas de périostite aiguë, l’affection peut faire suite à :

  • une maladie infectieuse sous-jacente : infection urinaire, tuberculose, ou une maladie sexuellement transmissible comme la syphilis,
  • une maladie auto-immune (le corps s’attaque à ses propres cellules),
  • une infection osseuse, type ostéomyélite, liée à une infection par une bactérie (staphylocoque ou autre),
  • des ulcères qui cicatrisent mal, comme chez les diabétiques par exemple, pour lesquels les plaies situées au niveau des jambes nécessitent une prise en charge approfondie car la cicatrisation est limitée par la maladie,
  • une leucémie ou un cancer pour les formes les plus graves.

La plupart du temps, la cause de la périostite tibiale est liée à :

  • un effort intense, répété, faisant intervenir les muscles de la jambe et du mollet en particulier,
  • un stress répété, exercé sur l’os, tels que des sauts ou la course à pied notamment.

Les sportifs sont particulièrement touchés par la périostite. La périostite tibiale est la plus fréquente chez ces athlètes, particulièrement les sportifs pratiquant le jogging, des activités physiques au cours desquelles ils sautent,courent, montent des côtes.
Cela peut aussi apparaître à la suite d’un changement de chaussures ou d’un changement brutal de technique de course à pied.

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Les symptômes de la périostite tibiale

Il faut distinguer les douleurs de périostite tibiale à l’effort et au repos.

Pendant l’effort, la douleur est présente dès le début de l’activité physique. Elle peut diminuer ensuite, mais si l’effort devient long et intense, ou si la périostite est chronique, la douleur est présente à chaque pas et oblige à stopper l’activité.

Au repos, la douleur a tendance à diminuer. Cependant, la périostite tibiale peut réveiller la nuit.

Quant à la localisation de la douleur, elle est souvent située à la partie basse du tibia, à l’intérieur, au dessus de la malléole interne de la cheville. A l’examen clinique, la palpation la face interne du tibia est très douloureuse.

symptome periostite tibiale

Zone de la douleur de périostite tibiale

Une chaleur peut se produire au niveau de la zone douloureuse. Un gonflement important peut, quant à lui, évoquer une fracture de stress ou fracture de fatigue tibiale.

En cas de périostite aiguë liée à une infection, forme la plus grave de la maladie, de la fièvre et parfois l’apparition de pus peuvent se produire.

Pour confirmer ou infirmer le diagnostic, des examens complémentaires peuvent être prescrits par le médecin : radiographie, IRM (Imagerie à Résonance Magnétique) ou scintigraphie osseuse, afin de mettre en évidence une éventuelle fracture ou une infection de l’os. Lorsque la cause de la périostite n’est pas bien définie, des bilans sanguins sont également prescrits, afin de dépister des troubles sanguins (leucémie) ou une infection.

De manière générale, face à un syndrome douloureux intense ou une douleur localisée au niveau du tibia qui perdure pendant plusieurs jours, voire semaines, il est recommandé de consulter un médecin.

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Les traitements généraux de la périostite

Le traitement de la périostite est basé sur plusieurs axes :

  • à court terme, il faut du repos : lorsque le stress exercé sur les membres est moins important, l’inflammation a tendance à diminuer. Il faut donc limiter la pratique d’activités physiques intenses afin d’éliminer les symptômes de la maladie, limiter le surmenage,
  • l’application d’une poche de glace sur la zone concernée contribue à lutter contre la douleur. Il est recommandé de procéder à l’application 3 fois par jour, pendant 15 à 20 minutes. Attention, il ne faut pas appliquer la glace directement sur la peau. Il faut l’insérer dans une poche ou un tissu (gant, torchon), afin de préserver le tissu cutané.
  • L’utilisation d’un appareil d’électrothérapie peut permettre de diminuer la douleur.
  • l’administration de traitements antalgiques (paracétamol) sur prescription, afin de réduire la douleur. Les anti-inflammatoires sont quant à eux très discutés car leur effet peut nuire à la guérison des tissus.
  • il est possible de mettre en place des séances de physiothérapie ou de kinésithérapie en complément.

Face à une périostite infectieuse, la prise en charge varie selon la gravité des symptômes. En effet, en cas d’infection, le médecin prescrit des antibiotiques en association avec les traitements précisés ci-dessus. Si l’infection est étendue, une intervention chirurgicale est réalisée, afin de drainer l’infection ou de débrider les tissus lorsque cette dernière s’est étendue, afin d’éliminer les tissus morts, si cela s’avère nécessaire.

Il est donc important de consulter rapidement dans le but de traiter la pathologie rapidement, dès que les symptômes sont constatés pour éviter cette évolution.

 

Soigner la périostite tibiale

Le repos

En cas de périostite tibiale, il faut stopper toutes les activités qui impactent le tibia et génèrent des douleurs. Vous pouvez pratiquer des activités douces comme la natation, le vélo elliptique, le rameur, sans forcer en attendant de soigner la périostite tibiale.

 

L’orthèse

Un bandage ou un manchon de soutien peut aider temporairement à soulager la douleur de la périostite tibiale. Celui-ci est souvent indiqué dans ce cas :

manchon soulage periostite

Manchon de soutien périostite tibiale

Le bandage ou le K-Tape

Pour soulager la périostite tibiale, le K-Taping peut être une solution également. Achetez une bande de Tape et suivez les instructions sur la vidéo suivante.

bandage contracture musculaire

Taping K-TAPE

Exercices pour soigner la périostite tibiale

Au long cours, pour soigner la périostite tibiale, il faut réadapter le tissu osseux afin qu’il puisse supporter les contraintes de votre activité sportive.

Pour cela, il faut recommencer à stresser votre périoste graduellement, sur plusieurs semaines. Faites-vous un programme d’exercices 3 fois par semaine. Commencez d’abord par des exercices peu contraignants puis introduisez des activités plus contraignantes au fur et à mesure en fonction de vos douleurs.

Voici des exemples d’exercices du moins au plus contraignant pour la périostite tibiale : :

  •  Commencez par simplement étirer vos mollets. L’étirement effectue une traction douce sur le périoste et donc une contrainte à minima.

etirement du mollet

Étirement du mollet

  • Renforcez vos mollets en montant sur la pointe des 2 pieds, puis ensuite sur 1 pied, puis ensuite sur une marche afin de travailler dans toute l’amplitude de cheville. La progression doit se faire sur plusieurs semaines. Soyez bien attentif à vos douleurs avant de passer à un palier supérieur.
  • Faites des sessions de corde à sauter, en augmentant les répétitions très progressivement.
  • Puis, si vous êtes coureur, reprenez la course à pied, en footing, en augmentant progressivement la durée des entraînements. Commencez par 10 minutes puis augmentez très progressivement en fonction des douleurs.

 

Périostite tibiale: axer sur la prévention

Pour prévenir l’inflammation du périoste, il est important d’être attentif et précautionneux, dans le cadre de sa pratique sportive.

Évitez de vous entraîner de manière trop intensive sans progression. Établissez-vous un programme d’entraînement afin d’augmenter les volumes et intensités progressivement.

Soyez attentif à vos douleurs musculaires et ménagez vos articulations. De fortes douleurs peuvent indiquer que l’activité physique était trop excessive. Diminuez l’intensité la fois prochaine afin de permettre à votre corps de s’adapter en douceur.

Pour la course à pied, certains types de foulée favorisent la périostite tibiale. La course à pied est un sport qui est technique et nécessite parfois un certain apprentissage. Des conseils pour débuter la course à pied peuvent vous aider. Mais sachez qu’une attaque talon peut avoir tendance à amplifier les micro-traumatismes au niveau de l’os et favoriser la périostite tibiale. A l’inverse, un changement de foulée trop rapide vers une attaque médio-pied ou pointe de pied peut provoquer des douleurs sous le pied et le talon : l’aponévrosite plantaire.

Pour certains sport, tels que le basket-ball ou le volley-ball par exemple, choisissez des chaussures adaptées, elles sont conçues pour réduire les chocs subis suite aux impacts répétés des sauts.

Il n’est pas inutile de rappeler que l’échauffement est important à réaliser avant la pratique sportive. Quant aux étirements, ils ont un intérêt en prévention de la périostite tibiale lorsque les mollets sont raides. L’un des symptômes des mollets raides peut être l’apparition de douleurs fréquentes à ce niveau après le sport ; la crampe au mollet ou la contracture au mollet.

Une rééducation peut être nécessaire afin de vous aider également. Le kiné est le professionnel de santé le plus adapté à vous aider à prévenir la périostite tibiale.

Enfin, rappelons ici qu’il est conseillé de consulter un médecin si vous constatez l’apparition de douleurs ou de gonflements au niveau des membres afin de mettre en place une prise en charge thérapeutique précoce si vous souffrez d’une périostite tibiale.

 

Sources :

Le périoste – Wikipedia

Stephane Manson osteopathe Charenton 94

Stéphane Manson
Ostéopathe du sport, Kinésithérapeute, Éducateur sportif,  DU Posturologie Clinique, Certifié par La Clinique du Coureur

« J’adore lire la littérature médicale, les études, les articles sur la médecine en général. Je publie chaque semaine des nouveaux articles sur le thème de la santé. Suivez-moi sur Facebook pour vous tenir informé(e) ! »